Presses de la Cité : Le cercle de Dinas Bran (RAYMOND) + Dark Eden (BECKETT) + Et toujours ces ombres sur le fleuve... (DE BROC)

by - 21.8.16

Titre : Le cercle de Dinas Bran
Auteur : Sophia RAYMOND
Presses de la Cité – 2015 – 360 pages – 20€


Résumé :
Depuis qu’elle a survécu au tsunami meurtrier du 26 décembre 2004, Anna Jensen, jeune et talentueuse illustratrice à Paris, est hantée la nuit par de sombres cauchemars. Sa rencontre avec Will Aberdeen, journaliste new-yorkais dépêché en France pour couvrir un congrès sur les expériences de mort imminente, est le point de départ d’une quête haletante. Pour découvrir la source des hantises de la jeune femme, Anna et Will se lancent sur les traces d’un passé lointain et mettent à jour un secret ancestral. Traqués par de mystérieux tueurs professionnels, leur soif de vérité va rapidement se transformer en course contre la mort. Envoûtant, captivant, ce roman qui défie le temps et les frontières passionnera les amateurs de mystères et de thrillers ésotériques.

 

Mon avis :
Je remercie les éditions Presses de la Cité ainsi que Babelio pour ce partenariat, j'étais très intriguée par ce curieux mélange que présentait le résumé. J'avais peur que cela devienne un récit psychédélique avec toutes ces références, mais pas du tout, c'est cohérent, pas trop tiré par les cheveux ou trop fantastique, le policier se tient et le thriller est haletant. Ce fut une bonne lecture, une découverte intéressante et j'espère pouvoir lire d'autres romans de cette auteure.

L'histoire nous présente pas mal de points de vue et tous sont liés. Il y a Will, Anna, le commissaire de police, Thomas de Trécesson, Estrela, les antagonistes principaux, ça fait certes beaucoup de monde, mais comme les chapitres sont courts et qu'il se passe toujours quelque chose, il est impossible de se perdre ou de s'ennuyer. On oscille sur diverses époques, entre 1755 à Lisbonne lors du terrible séisme qui aura ravagé la ville et notre époque actuelle. Une fois de plus, le passage de l'un à l'autre, de l'actuel au flash-back en passant par la lecture du journal de Thomas se fait avec fluidité.

Les personnages inventés sont sympathiques, ils ne sont pas tous attachants, cependant, quelques uns sont atypiques. Je pense surtout au baron spécialisé dans les blasons, le druide rencontré près de Trécesson ou encore Will. Ce dernier possède un passé très fascinant à lire, une évolution concernant son lien avec son vrai père, il est véritablement  intéressant à suivre. C'est mon personnage favori de ce récit. J'ai moins accroché avec Anna, même si son passé bouleversant explique ses agissements, je ne peux pas m'empêcher de la trouver capricieuse, elle subit plus qu'elle ne cherche à affronter ses doutes et ses peurs. Je n'ai pas su me prendre d'affection pour elle. En revanche, j'ai beaucoup aimé la partie avec les policiers – que j'aurais souhaité plus longue, histoire de mieux les comprendre ainsi que la thérapeute procédant à l'hypnose, ses connaissances furent captivantes à lire.

L'intrigue se centre sur des meurtres liés à Anna Jensen, une illustratrice ayant survécu au tsunami de 2004. Cette femme possède un secret très enfoui au fond d'elle et c'est le journaliste Will et son ami Patrick qui vont la mettre sur la piste du passé. Un passé qui la lie avec Will et qui a pour objet commun un chaudron – artefact archéologique dérobé récemment. Des meurtres surgissent, notre duo prend la fuite, police et meurtriers aux trousses, le but étant de comprendre comment faire le lien entre le chaudron, Trécesson – la famille, le château –, les légendes druidiques et Lisbonne en 1755. Ce qui se révèle passionnant à suivre, palpitant et riche en rebondissements. Et même si quelques facilités m'auront fait tiquer, l'histoire sait se tenir et sait être intelligente, ce fut donc une bonne histoire à découvrir.

La plume de Sophia Raymond est très agréable à suivre, simple, précise quant il s'agit de donner des informations capitales sur l'intrigue, les objets ou encore les différents lieux visités par notre duo. Les dialogues apportent des percées importantes pour comprendre l'intrigue, et même si j'avais grillé le coupable final, la plume sait rendre l'intrigue prenante.

L'univers est particulièrement bien présenté. Le passé comme le présent sont bien décrits et paraissent réels, les descriptions liés à l'Histoire ou à l'archéologie donnent une dimension captivante au récit. Le côté thriller et policier est super bien décrit, la tension, les meurtres, la course effrénée contre le temps, la nécessité d'obtenir les réponses et la vérité... Tout est là pour créer une ambiance tendue, complète et riche, un univers d'autant plus intéressant qu'il y ajoute quelques pincées de fantastique, de religion et de druidisme.

En conclusion, je remercie une nouvelle fois la maison d'édition ainsi que Babelio pour cette belle découverte. Les chapitres courts donnent du rythme, le tout servie par une intrigue palpitante, une ambiance riche et complète et un univers atypique et intéressant. Les protagonistes sont passionnants à suivre, j'ai apprécié lire ce thriller, il a son petit charme, son petit grain de folie, un truc en plus que je n'avais pas vu dans mes précédentes lectures de ce genre. La plume de l'auteure rend l'histoire très fluide, agréable et surprenante, ce fut un vrai plaisir de le lire.



Titre : Dark Eden
Titre VO : Dark Eden
Auteur : Chris BECKETT
Presses de la Cité – 2015 – 415 pages – 22€


Résumé :
Au cours d'une expédition, des spationautes s'échouent sur une planète, qui ne doit sa chaleur et sa lumière qu'à la bioluminescence de sa flore et à son activité géothermique. Malgré les avaries subies par leur navire spatial, tous décident de retourner sur Terre ; tous, sauf Tommy et Angela, qui préfèrent rester plutôt que de courir le risque d'un nouveau voyage. Près de deux siècles plus tard, leurs descendants espèrent toujours une expédition de sauvetage de la part des Terriens. Au sein de cette société stagnante et dégénérescente, nommée Famille, John Lampionrouge fait tout pour rompre le statu quo.


Mon avis :
Je remercie Babelio pour cette découverte très atypique et intéressante. C'est un roman de science-fiction proche du planet opera (exploration d'une planète), avec une forte dominance psychologique. Il est captivant, prenant dans son Histoire, dans son idée de renommer ce que l'on connaît – notre société donc – de manière différente. Il a une ambiance particulière, il met véritablement une légère claque, nous permettant de réfléchir sur pas mal de sujets. Même s'il s'agit d'un roman de science-fiction, il a un côté très moderne et actuel.

L'intrigue nous plonge sous différents points de vue. Nous vivons ces graves bouleversements dans Famille à travers plusieurs personnages et pour que l'auteur nous rendent plus proche de ces personnes, il utilise le « je ». C'est peut-être déstabilisant de changer de point de vue à chaque chapitre, cependant, je ne me suis pas sentie perdue, c'est au contraire très fluide et bien narré. John Lampionrouge, Tina Picarbre, Caroline Brooklyn, Sue Lampionrouge, Gerry Lampionrouge... la famille de John est à l'honneur, John y a même une place prépondérante puisque c'est de lui qu'interviennent tous ces changements. C'est intéressant d'avoir le point de vue de chaque personnage, c'est même essentiel pour comprendre ceux qui sont d'accord avec John de ceux qui ne le sont pas du tout.

L'histoire nous conduit sur Dark Eden, une planète sombre, sauvage, et peuplée de mystère. Famille est confinée dans un espace étroit, la nourriture va commencer de manquer, mais au lieu de chercher une nouvelle terre pour s'établir, les anciens ordonnent de rester sur place. John bouleverse des années de traditions en détruisant le symbolique Cercle ou en osant prendre la parole à l'Universère. Il parvient à s'exiler, menant un groupe vers de nouveaux territoires afin de créer une nouvelle Famille, plus moderne, plus autonome. L'histoire m'a énormément séduite, elle est tendue, sombre, mature et palpitante ; j'étais bien incapable de connaître la fin, les rebondissements exacts. Cette expédition, cet aspect découverte sont précis, détaillés et passionnants, j'avais l'impression de revoir le passé, quand les hommes découvrent telle idée, l'agriculture, l'élevage, etc. C'est une histoire bien menée que l'auteur nous offre.

Chris Becket a une plume soignée et fluide. Les descriptions sont bien écrites, elles permettent de très bien s'imaginer les lieux, la faune et la flore ou encore la vie menée par Famille. Les émotions tiennent une importante place, c'est une histoire de Famille qui se détruit. Traduire ce quotidien immobile et routinier pour d'un seul coup faire sauter les vannes conduisant à beaucoup d'autres émotions fut bien décrit par l'auteur. C'est prenant à lire, d'autant plus que chaque personnage a son point de vue, sa vision des choses et j'ai bien ressenti les innombrables questions que les bravades de John amènent implicitement dans la tête de certains. L'évolution psychologique des protagonistes est lui aussi bien amenait, il faut avouer qu'en grande partie, la psychologie est un pilier massif de cette intrigue. Le passage à l'âge adulte, l'amour, la vie, le but de son existence, la quête d'identité, l'espoir d'un sauvetage, le rapport avec la Terre, tout est sincèrement prenant à lire et l'on réfléchit énormément avec ce récit.

Les personnages sont intéressants à suivre, certains évoluent plus vite que d'autres, je pense notamment à Jeff qui m'aura surprise par l'importance qu'il prend. Je trouve dommage que certains changements chez Tina soient trop bruts, même s'il s'est écoulé quelques mois. En revanche, le protagoniste principal, John est fascinant à comprendre, il est d'une grande intelligence, d'un calme inquiétant parfois, il se laisse emporter sous le coup de ses émotions. Il passe par toute une palette de sentiments que l'on apprécie découvrir en lui, la colère, la peur, le doute, la confiance. Il est très mis en avant et donc, je pense que j'ai eu plus facile de m'attacher à lui que par rapport aux autres, néanmoins, Jeff et Gerry, les deux frères, sont très attachants. Tina est elle aussi attachante, elle le devient au fur et à mesure, elle s'adoucit, elle devient plus mature, moins abrupte et plus travaillée.

En conclusion, c'est une très bonne surprise, je ne m'attendais pas à être autant transporté dans le récit qui est prenant. Les dimensions science-fiction, exploration, psychologie sont très bien exploitées par l'auteur possédant de surcroît une plume travaillée et précise. Les dialogues comme les descriptions nous plongent dans un monde fait de traditions, une ambiance sombre et inquiétante que vient basculer John Lampionrouge, un personnage définitivement fascinant à suivre. L'histoire m'a enchantée et je la conseille vivement aux amateurs de science-fiction.



Titre : Et toujours ces ombres sur le fleuve...
Auteur : Nathalie de BROC
Presses de la Cité – 2014 – 360 pages – 20€


Résumé :
Tout commence en 1793 à Nantes, au lieu dit Chantenay… La petite Lucile sait qu’elle ne parviendra jamais à effacer le souvenir immonde de ce que Carrier, commissaire de la Révolution, en ces années de Terreur à Nantes, nomme les « mariages républicains ». Où l’on noie dans la Loire, liés nus l’un à l’autre, deux représentants du clergé face à la foule applaudissant au spectacle. Ses parents et Théo son petit frère ont été victimes d’un de ces « mariages ». Seul le désir de vengeance la tient désormais en vie. Mue par cette énergie, Lucile en oublie qu’elle n’a que le pavé pour dormir. Son destin va basculer auprès de Madame Flavie qui offre vivre et couvert à Lucile.


Mon avis :
Je tenais à remercier Babelio ainsi que les éditions Presses de la Cité pour ce partenariat, car si j'étais curieuse au premier contact, me voici enthousiaste une fois la lecture finie. Ce roman est une terrifiante découverte, relatant un sombre passage de la Terreur « les mariages républicains ».

Historiquement, je ne peux rien reprocher au roman, c'est fouillé, précis et très documenté ; et là où j'applaudis l'auteure, c'est qu'elle parvient à nous fondre dans l'ambiance cruelle de la Terreur, dans le quotidien des Nantais de cette époque avec justesse et précision sans nous servir une dissertation pédagogique. Tout est d'une grande fluidité et d'une force émotionnelle prenante. J'ai vraiment eu l'impression de voir la ville, de revoir des lieux connus comme le théâtre Graslin, d'en apprendre plus sur cette ville de Nantes – je la côtoie sans vraiment la cerner, revenir ainsi sur son Histoire la rend plus intéressante. Vous vivez l'Histoire à travers une histoire très captivante, celle de Lucile.

Le résumé nous la présente, le récit a pour but de conter la vie de Lucile depuis le mariage républicain où elle aura vu sa famille se noyer dans la Loire et ses biens confisqués. Perdue, totalement seule et ignorée, elle se doit de survivre, de n'importe quelle façon. C'est un récit initiatique, notre héroïne était bien haut quand elle descend de son cocon, elle va affronter la faim, le froid, elle va en vivre des aventures. Un beau voyage à Nantes qui la conduira dans les coins les plus dangereux, à gagner sa vie en volant, elle va faire des rencontres changeant son destin. L'intrigue est loin d'être un fleuve tranquille, nous sommes avec Lucile, nous sommes attachés à elle et impossible de la laisser, il faut qu'on en sache plus, toujours plus. Dès le début, j'ai été happée par le récit et j'ai eu bien dû mal à le lâcher, je voulais connaître la suite, savoir ce qui allait survenir.

Car il faut avouer que la plume de l'auteure est très jolie. Le style est sincère, prenant, on s'y laisse prendre et c'est bien dur de devoir se rendre compte que l'on a fini le roman... je l'ai dévoré en quelques jours tant il m'a captivée. Les descriptions nous content des lieux, des personnages, des émotions, des actions avec simplicité et soin, on se sent vraiment très proche des décors, des sentiments de Lucile ou des autres. Les répliques sont justes, elles correspondent au tempérament des protagonistes mis en avant, on se régale devant le mordant de la jeune fille.

J'ai peut-être ressenti quelques longueurs, mais c'est réellement léger à côté de l'effet addictif qu'entraîne cette lecture. Autre petit point grinçant, la fin, très ouverte. Personnellement, elle est classe, j'avoue, c'est une très bonne fin, seulement, ma curiosité fut tellement piquée à vif que j'aurais souhaité quelques renseignements supplémentaires, un chapitre de plus... J'admets que je ne voulais pas abandonner de suite ces personnages.

Parce que ces protagonistes, ils sont très humains, et surprenants. Certains ont été une sacrée surprise une fois les révélations finales obtenues et j'étais bien loin de me douter de leurs véritables intentions. On ne peut qu'aimer Lucile, sa soif de vivre, sa volonté, sa personnalité, son histoire, c'est une héroïne très attachante et qui ne cesse de grandir au fil de ses aventures. Les autres protagonistes ont chacun un rôle à jouer dans l'intrigue, mais aussi auprès du personnage principal. Petit Jean, Carrier – qui lui est un homme ayant réellement existé, Madame Flavie, Awa, le chevalier de Préville... Ils sont tous fascinants, ils ont leurs qualités et leurs défauts, j'ai mes petits chouchous comme Louison, d'autres sont devenus mes favoris grâce à leurs actions. Ils ne nous laissent pas indifférents.

En conclusion, voici un très beau roman, une belle excursion dans la Terreur à Nantes, extrêmement bien documenté, soigné et précis dans les informations historiques. La plume de Nathalie de Broc nous emmène au cœur de la ville, de son mode de vie, de son économie et de son rapport à la flotte maritime, des émotions, de l'action, des changements vécus par Lucile. C'est juste, fin et très agréable à lire, rapide tellement c'est addictif, on est tenu en haleine par la vie de cette jeune héroïne courageuse et déterminée, car elle ne tient que sur un fil. J'ai été très enthousiaste durant ma lecture, prise dans le récit sans jamais m'arrêter. Une très belle découverte !



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